Histoire du Palais de justice actuel de Montréal

Histoire du Palais de justice actuel de Montréal

(1, rue Notre-Dame Est)

Dans les années 1950, le Barreau déplore l’exiguïté des locaux disponibles pour l’administration de la justice à Montréal. Ce manque d’espace crée des retards importants dans l’audition des causes. Le «vieux palais de justice» (1851-1857), l’annexe du palais (1903-1905) et le «nouveau palais de justice» (1922-1926) ne fournissent effectivement plus à la tâche. En cent ans, la population est passée de 75 000 personnes à près de deux millions dans la région métropolitaine de Montréal. L’espace disponible pour l’administration de la justice n’a pas suivi cette expansion. De plus, le Barreau craint pour les archives judiciaires et pour la bibliothèque puisque le vieux palais, où sont conservés ces précieux documents, n’est pas à l’épreuve du feu.

En 1960, le Barreau presse donc le gouvernement libéral de Jean Lesage, nouvellement élu, et son «équipe du tonnerre», de hâter la réalisation d’un nouveau palais de justice à Montréal. René Lévesque, alors ministre des travaux publics, prépare un vaste plan quinquennal de construction d’édifices gouvernementaux et administratifs. Un palais de justice moderne à Montréal est intégré dans ce plan. À cette époque, l’optimisme est tel que l’on prévoit le début des travaux pour 1961. En fait, en novembre 1961, seul le choix du site est arrêté. Il s’agit du quadrilatère formé par le boulevard Saint-Laurent, les rues Notre-Dame, Saint-Gabriel et Craig (l’actuelle rue Saint-Antoine). Dans cet exercice, on ferait disparaître la rue Saint-Gabriel, la petite rue Saint-Jacques qui rejoint la rue Notre-Dame en faisant une courbe, ainsi que la ruelle des Fortifications – ce qui a été fait – et le vieux palais et son annexe – ce qui n’a pas été fait. Dans la conception de ce nouvel édifice, il faut prévoir les besoins pour les cinquante années à venir.

L’Association des architectes avance alors l’idée d’un concours d’architecture avec jury. Le gouvernement ne retient pas cette suggestion et, en mai 1962, il désigne une équipe d’architectes et d’ingénieurs, dont la firme d’architectes David et Boulva qui sera maître d’œuvre. Toutefois, avant d’élaborer ces plans, une délégation, composée des concepteurs, des représentants du gouvernement québécois et des représentants du Barreau, visite d’autres palais de justice modernes aux États-Unis afin d’étudier les nouveautés en matière d’aménagement et afin de bénéficier de l’expérience acquise chez nos voisins du sud.

Un projet d’édifice de 40 étages est proposé en août 1963. La Commission Viger, nouvellement mise sur pied par le gouvernement du Québec et par la ville de Montréal afin de protéger le Vieux-Montréal, estime que la construction du gratte-ciel proposé serait une grave erreur ; des étudiants en architecture manifestent devant l’hôtel de ville, s’opposant à ce projet d’édifice jugé disproportionné dans ce secteur historique ; et les Amis du Vieux-Montréal s’inquiètent d’un tel précédent dans le quartier. Le gouvernement renonce finalement à ce projet et les architectes élaborent de nouveaux plans qui seront rendus publics en avril 1964. Cette fois, il s’agit d’un édifice de 30 étages entouré d’édifices de deux ou trois étages chacun. Avec cette proposition, le palais de justice sera l’édifice le plus élevé du Vieux-Montréal. Ces plans semblent définitifs puisqu’on lève la première pelletée de terre le 12 juin 1965. Toutefois, en mai 1966, le gouvernement de Jean Lesage arrête les travaux qui n’en sont encore qu’à l’étape de l’excavation.

Le gouvernement de Daniel Johnson père, élu en juin 1966, demande une révision des plans dans une perspective de politique d’austérité. Les nouveaux plans qui sont soumis en 1967 changent complètement l’allure du projet : un seul édifice de 18 étages, avec une section plus basse du côté de la rue Notre-Dame, sera construit au coût de 35 millions, permettant une économie de 50 millions de dollars par rapport au projet de 30 étages proposé en 1964. Après un arrêt des travaux de près deux ans, le chantier reprend et le palais tant attendu par le monde judiciaire est inauguré le 8 novembre 1971. La concentration de tous les services juridiques dans un même édifice était enfin réalisée et les deux palais plus anciens sont utilisés à d’autres fins.

Cet édifice logera les cours de première instance ou d’appel, qu’elles soient criminelles ou civiles ainsi que les bureaux de juges, On y regroupera différents bureaux gouvernementaux reliés à l’administration de la justice ainsi que ceux du Ministère du Revenu. Vingt-six ascenseurs desserviront employés et usagés des services offerts dans cet édifice. Jusqu’à 1400 personnes y travailleront dans un environnement moderne, dans lequel on remplace les pièces fermées traditionnelles par des îlots où chaque bureau est entouré d’un agencement de panneaux séparant les différents postes de travail.

Granit de Rivière-à-Pierre

Les imposants murs aveugles du palais de justice sont recouverts de plaques de granit en provenance des carrières de Rivière-à-Pierre. La municipalité de Rivière-à-Pierre est située dans le comté de Portneuf à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Québec. On y extrait du granit depuis 1885.

Inscription

Sur l’édifice du Palais de justice à l’angle de la rue Notre-Dame et de l’Allée des Huissiers, une inscription est gravée dans le granit qui se lit comme suit:

« Allée des Huissiers.
Passage attribué en souvenir des premiers huissiers de la colonie et inauguré à l’occasion du XIIe congrès de l’Union internationale des huissiers de justice et officiers judiciaires.
Le 16 juillet 1985.
La Chambre des huissiers du Québec.

Maître Francis Aribaut, huissier de justice,
Président U.I.H.J.»

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